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STRUCTURE DES MOLÉCULES


réalité ne suppose pas la connaissance préalable de ces coefficients atomiques et d’au moins quelques formules moléculaires fondamentales.

22. — Dislocation minimum des molécules réagissantes. Valence. — Comme nous l’avons annoncé, les substitutions suggérées par l’examen des formules moléculaires permettent de prévoir et d’interpréter un nombre immense de réactions, et par là donnent une confirmation éclatante à l’hypothèse d’Avogadro. Il y faut encore, toutefois, de nouvelles hypothèses, qui précisent et élargissent la notion de substitution.

Quand nous disons que le méthane CH4 et le chlorure de méthyle CH3Cl ont la même structure moléculaire, nous supposons que le groupement CH3 n’a pas été modifié par la chloruration et qu’il est lié à l’atome Cl comme il l’était à l’atome H. C’est là un postulatum constamment employé en chimie : sans cesse on raisonne (sans toujours le dire assez clairement) comme si la molécule réagissante éprouvait le plus faible bouleversement intérieur qui soit compatible avec la réaction. On dira par exemple que le groupement CH3 du chlorure de méthyle existe dans la molécule CH4O d’alcool méthylique (qu’on écrira donc CH3OH) parce que l’action de l’acide chlorhydrique HCl sur cet alcool donne (avec de l’eau HOH) ce chlorure de méthyle CH3Cl que nous connaissons déjà.

Ainsi, quand on démonte un appareil formé de pièces qu’assemblent des vis ou des crochets, on peut en détacher, en la laissant intacte, toute une

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