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MOLÉCULES


aussitôt, aux dépens de ce gaz lui-même, une nouvelle quantité de gaz incolore, jusqu’à ce qu’on retrouve la proportion fixée par la pression et la température choisies[1].

Il peut arriver, plus généralement, qu’un corps soit facile à caractériser et à reconnaître comme constituant de divers mélanges, et qu’on ne sache pas, cependant, le séparer à l’état pur des corps qui le dissolvent ou de ceux avec lesquels il se trouve en équilibre. Les chimistes n’hésitent pas à parler de l’acide sulfureux ou de l’acide carbonique, bien qu’on ne puisse pas séparer de leurs solutions aqueuses ces composés hydrogénés. À chaque espèce chimique ainsi regardée comme existante devra correspondre dans notre hypothèse une sorte déterminée de molécules, et réciproquement à chaque sorte de molécules correspondra une espèce chimique définissable, mais pas toujours isolable. Bien entendu, nous ne supposons pas que les molécules qui forment une espèce chimique sont insécables, que ce sont des « atomes ». Généralement, au contraire, nous serons conduits à penser qu’elles peuvent se diviser. Mais en ce cas, les propriétés qui faisaient reconnaître l’espèce chimique disparaissent, et d’autres propriétés apparaissent, celles des espèces chimiques qui ont pour molécules les morceaux de l’ancienne molécule[2].

  1. Une discussion plus complète a fait considérer la molécule de gaz incolore comme formée par l’union de deux molécules de gaz rouge, les deux gaz ayant pour formules chimiques (dans le sens qui sera bientôt expliqué), N2O4 et NO2.
  2. Un exemple simple nous sera fourni par le sel ammoniac,
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