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LA THÉORIE ATOMIQUE ET LA CHIMIE


a réellement commencé par là, observons qu’on peut être conduit à attribuer une structure discontinue aux corps mêmes qui semblent, comme l’eau, parfaitement homogènes, rien qu’en réfléchissant aux propriétés si familières des solutions. Nous disons tous, par exemple, après avoir dissous du sucre dans de l’eau, que le sucre et l’eau subsistent dans la solution, bien qu’on ne puisse pas distinguer des parties différentes les unes des autres dans de l’eau sucrée. De même, si l’on verse un peu de brome dans du chloroforme, tout le monde continuera à reconnaître dans le liquide homogène ainsi obtenu, par leur couleur ou leur odeur, le brome ou le chloroforme constituants.

Cela se comprendrait facilement si ces corps subsistaient dans ce liquide, comme subsistent à côté les unes des autres les parcelles de poudres qu’on mélange, parcelles qu’on peut alors cesser de distinguer, même de près, et dont on peut cependant reconnaître la nature (au goût ou à la couleur par exemple, comme il arriverait si on avait la fantaisie de mélanger intimement du sucre en poudre et de la fleur de soufre). De même, la persistance des propriétés du brome et du chloroforme dans le liquide qu’on obtient en mêlant ces corps tient peut-être à ce que, dans ce liquide, se trouvent simplement juxtaposées (mais non modifiées), de petites particules qui à elles toutes seules formeraient du brome, et d’autres particules qui, prises de même seules ensemble, formeraient du chloroforme. Ces particules élémentaires, ces molécules, se retrouveraient dans tous les mélanges où l’on reconnait le brome ou le

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