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NÊNE.

— J’engrène : je n’ai pas envie de passer dans le batteur.

Comme ils étaient seuls et comme il aimait tendrement cette sœur aînée, il n’avait pas été gêné pour ajouter :

— Et puis, de te voir, ça me fait une raison, ma grande… Si tu veux, à midi, je me placerai à côté de Samuel le Salutiste et tu mettras un litre d’eau devant nous.

Les tables étaient dressées dans la grange à gauche des bâtiments. Madeleine avait sa cuisine libre. Elle avait pris une femme à la journée, une vieille dissidente qui suivait la machine d’une ferme à l’autre pour laver la vaisselle et porter à boire dans l’aire, vers le soir, quand les gars devenaient trop libres avec les jeunes.

Étaient venues aussi pour aider Madeleine, ses deux cadettes, Tiennette et Fridoline, celle-ci plus rousse que Madeleine, celle-là de teint ferme et jeune et fraîche et rieuse comme une pastoure de conte.

Madeleine veillait aux enfants et dirigeait son monde. Fridoline l’aidait à préparer la table maigre où les plats étaient nombreux. Fridoline était une cuisinière attentive et les gars la laissaient travailler en paix parce qu’elle n’était pas portée pour les plaisanteries, sans doute aussi parce qu’elle n’était pas très belle.

Tiennette et la vieille étaient chargées de la table grasse pour laquelle il fallait beaucoup moins de soins ; deux ou trois grandes platées de viande, cuite