Page:Perochon - Nene.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les filles ne cédaient presque jamais de la sorte, mais, parmi les garçons, il y en avait toujours d’assez essotis d’amour pour se laisser glisser au flot catholique qui ne les rendait jamais.

Cela s’était vu dans la famille des Corbier, famille orgueilleuse pourtant et de sang âpre, mais où la passion était vite souveraine.

Cela ne s’était pas encore vu dans la famille des Clarandeau ; mais il y avait menace. Le fils, ce grand que l’on appelait Cuirassier, était très fou d’une jeune tailleuse de Chantepie, porte-bannière des Enfants de Marie.

Il jurait bien à sa mère et à Madeleine qu’il ne « se changerait » jamais, mais elles n’en étaient guère plus rassurées, sachant les hommes faibles et faciles à étourdir.


On était à l’époque des longues journées.

Pour les hommes, un travail n’attendait pas l’autre : les betteraves à planter, les foins à rentrer, la terre à préparer pour les choux d’hiver. Jamais on ne serait prêt pour la moisson, car les avoines mûrissaient vite, trop vite, rôties par un coup de soleil de Juin.

Pour les femmes, c’était le moment de surveiller les petites bêtes, l’époque critique où les poulets