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Comme elle passait tout droit, ils reprenaient bien vite confiance et chantaient.

Madeleine relevait la tête vers les cimes vivantes et joyeuses et elle pensait :

— Oiseaux de par ici, j’entends que vous me faites accueil ; merci, mignons !

Ses yeux bleus éclairaient sa face rousselette.

— Petits musiciens du paradis, musiquez-vous pour ma noce ? Ainsi soit-il ! mais je suis vieille fille et je n’ai pas de galant… Petits, les jolis violons que vous feriez, et comme on prendrait gaiement la file derrière vous !

Un sursaut interrompit sa songerie. Elle jeta un cri :

— Engeance !

Devant elle, à dix pas, un écureuil traversait la route, tranquillement. C’était signe de male-mort ; elle en eut l’haleine coupée. Elle passa vite et se retourna pour regarder la bête qui bondissait maintenant avec une agilité diabolique.

Elle se raisonna. Ces bêtes étaient nombreuses en ce pays de noisettes et de châtaignes ; tout le monde en croisait ; la crainte qu’on en avait était une idée de l’ancien temps…

Elle haussa les épaules et se força à sourire. Mais il lui sembla que les passereaux se taisaient, coulés sous les ramilles basses. Juste au milieu de la route, une ombre étrange palpitait.

Madeleine, levant les yeux, vit un oiseau-filou qui « endormait » très haut ; et, dans le soleil, les grandes ailes rousses paraissaient toutes noires.