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NÊNE.

— Oui, c’est moi… viens-t-en ! tout de suite !

Sa voix est une voix de commandement, âpre, tranchante ; lui, en réponse, fait entendre un rire terrible, un rire de forcené.

— Jean, tu m’entends… marche devant moi.

— Toi, de quoi te mêles-tu ? Va te coucher ! les filles honnêtes ne courent pas les chemins, la nuit.

Lent et lourd, il la repousse, il la reconduit sous les arbres. Les voici dans un pré où la nuit semble plus claire. Madeleine se suspend au bras de son frère.

— Allons, Jean, viens ! suis-moi !

Mais il l’écarte d’une dernière poussée et son bras se lève, menaçant.

— Va-t’en !

— Jean, pourquoi es-tu ici ?

— C’est pour la mort… Va-t’en !

Madeleine revient, saute au bras levé qui brandit une arme.

— Qu’as-tu dans ta main ? donne-moi cela, entends-tu ?

Elle grimpe, elle rabat le poignet et saisit l’arme, une masse de cantonnier emmanchée de houx flexible.

Elle lutte et elle caresse, elle commande et elle supplie, elle honnit et elle flatte.

— Donne, Jean ! Tu as bu, tu ne sais plus ce que tu fais. C’est Boiseriot qui t’a enivré… un mauvais gars !… Moi, je viens te chercher, je te prends par la main… Il faut me suivre, il faut me croire… Allons, donne cela tout de suite ! Que veux-tu faire avec