Page:Perochon - Nene.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

deleine qui devenait sa servante, il la connaissait à peine…

Non, ces gens ne lui étaient pas cause de chagrin ; mais ils lui rappelaient sa charge qui était lourde.

Veuf à trente ans, il se trouvait seul à la tête d’une ferme avec deux tout petits enfants sur les bras. À la vérité il lui restait bien son père, mais le vieillard était si souvent perclus qu’il était plutôt une cause d’embarras. Personne pour l’aider. Peu d’argent et pas de ménagère.

Son malheur datait de onze mois ; il lui semblait dater de onze ans. D’abord, il avait gagé une femme d’âge, très bonne, très douce pour les petits, mais malpropre et tout à fait incapable de faire marcher la maison. Ensuite sa belle-sœur était venue. Vigilante celle-ci, mais coquette, sans tendresse et, par-dessus le marché, d’intentions directes et hardies… Il avait fallu se séparer après des paroles déplaisantes.

Enfin, le père venait de gager cette Madeleine Clarandeau. Corbier connaissait la famille. La mère, veuve et bientôt vieille, faisait des journées ; les enfants, trois filles et un garçon, étaient gagés dans les fermes et lui venaient en aide. Le garçon était réputé entre les meilleurs valets ; un peu porté pour le vin, par exemple et, après boire, redoutable dans les fâcheries. Les filles, il les avait moins vues, surtout l’aînée, Madeleine, qui avait été longtemps gagée en Vendée.

Cette inconnue, maintenant, allait tenir sa maison ! Une fille très forte, disait le frère. Il n’en de-