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NÊNE.

— Allons donc ! vous mentez ! vous mentez toujours, vous !… Moi, quelquefois, je dis la vérité… J’ose !… Vous ne savez pas ? Eh bien sachez qu’il y avait ici un jeune abbé tout rose avec des cheveux de soie et des mains fines, des mains blanches comme du sucre. Il me voyait souvent, quasi tous les jours ; d’abord il ne bougeait pas ; mais moi, à cause de ses cheveux, de ses mains, de ses yeux innocents, j’ai désiré qu’il fût en éveil… J’ai secoué mes jupes autour de lui et petit à petit il s’est mis à avoir cet air égaré qu’ils ont tous… et il est venu comme les autres. Il est venu, mais à cause de l’idée de péché qui le tourmentait il s’est mis à déraisonner et à faire des folies… et il s’est fait surprendre. Maintenant il est parti, très loin, je ne sais où et moi je reste avec ce bouquet sur ma coiffe. Mais je m’en moque !

Oui, en vérité, elle avait envie de crier cela, par bravade…

— Vous ne savez rien, mon parrain ? Alors, c’est que vous êtes venu aux nouvelles ?

— Si tu veux… On m’a dit que tu n’avais plus tes apprenties ?

— Je n’ai plus d’apprenties en effet… et je n’ai plus de pratiques… et, ce qui est le plus triste, je n’ai plus de galants ?

— Oh ! Cela !

— Il y a de quoi pleurer toutes les larmes de ses yeux. Mais ne craignez rien : vous avez une filleule gaie.

— Alors, que vas-tu faire ? demanda Boiseriot.