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NÊNE.

— Ah oui ! parlons-en ! Je me suis joliment fait attraper l’autre matin !

— Quoi donc ? Qu’y a-t-il ?

— Il y a que j’ai fait un nouveau marché, pour un an, avec celle de chez moi.

Violette sursauta comme si elle eût marché sur une épine et la méchanceté s’alluma en ses yeux.

— Vous plaisantez, dit-elle sèchement ; vous voulez me faire rire.

— Je n’y pense pas, malheureusement !

— Alors ?… Vous m’aviez pourtant promis !

— Parbleu, oui ! et de grand cœur ! Mais quoi, je ne me suis pas méfié… J’ai offert un prix risible et elle m’a pris au mot. Ce que j’en faisais c’était pour ne pas lui faire affront.

— Merci bien ! vous préférez qu’elle me fasse affront à moi.

Elle fit mine de s’éloigner et Michel supplia.

— Violette !… Violette !… Je vous en prie !… Il ne faut pas m’en vouloir.

Et il ajouta d’un ton triste et lâche :

— Je vous ai fait une promesse… Je tâcherai de la tenir ; je chercherai l’occasion.

— C’est bien simple et il n’est pas besoin de chercher : à la Toussaint, prenez la servante que je vous indique.

— Ce n’est pas possible ! il y a un marché…

— Peuh ! c’est ce qui vous arrête ?

— Oui… chez nous, les marchés ont toujours tenu… Mais peut-être s’en ira-t-elle d’elle-même : je le préférerais.