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NÊNE.

Voilà, aussi, c’était sa faute à lui, Michel ! Dès les premiers temps il avait laissé cette grosse fille prendre puissance en sa maison ; maintenant elle se carrait en la maîtresse place et elle prétendait régenter tout le monde. Eh bien ! on allait voir !

— Je suis le maître, et le seul !… Je finirais par tomber en dérision !… Je la ferai bien partir… elle le mérite ; ce sera bonne justice.

Il murmurait ces paroles pour s’affermir en sa résolution. Quand Violette était devant lui, sa rancune flambait haut, mais dès qu’il était seul, il lui fallait bien l’attiser un peu…

C’est qu’il y avait trois années de dévouement et de bonne amitié, il y avait la prospérité de sa maison, le bonheur de ses enfants et puis, peut-être, encore autre chose qui n’était pas tout à fait oublié.

— C’est la justice, c’est la bonne justice.

Il lui fallait se le répéter que c’était la justice…

Ayant achevé le tour des cheintres il jeta sa faucille, prit une fourche et rassembla tout ce qu’il avait coupé en un grand bûcher ; puis, afin de détruire toutes ces herbes porteuses de mauvaises graines, il y mit le feu. Une flamme claire ronfla, mordit les fougères sèches et les menues broussailles, puis elle baissa un peu et une fumée très blanche, très lourde, née des branches vertes, monta lentement.

Lalie, occupée à jouer dans la cour, vit cette belle et haute fumée. Elle traversa la maison, parut à la porte du corridor.