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NÊNE.

la petite s’essayait à jouer de la plume ; et Madeleine était contente parce que Lalie laissait espérer une belle main d’écriture.

À la rentrée du mois d’octobre, le père avait bien parlé d’envoyer la fillette à l’école, mais Madeleine s’y était opposée à cause de la longueur de la route et du mauvais temps d’hiver. Michel avait cédé. Et voilà que maintenant il revenait sur sa parole sans donner aucune raison nouvelle.

— Lalie ira à l’école à partir du premier lundi de novembre. Veillez à ce que ses hardes soient prêtes.

— Le premier lundi de novembre, où serai-je ? pensait Madeleine ; nous sommes à quinze jours de la Toussaint où mon gage prend fin et il ne me parle pas d’un nouveau marché.

Michel en effet gardait le silence à ce sujet et c’était la grande frayeur de Madeleine.

Pourtant, un jour, à table, comme il venait de faire des projets pour l’année suivante, il dit avec brusquerie.

— Quant à vous, Madeleine, qu’avez-vous décidé ?

Elle ne répondit pas, recula et tourna le dos pour attiser le feu.

— Que comptez-vous faire ? Vous ne m’avez pas encore dit si vous vouliez rester chez moi… Il est temps de le savoir ; je veux être fixé tout de suite… Voici ma parole : si vous restez, ce ne sera pas au même prix : j’entends diminuer votre gage.