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NÊNE.

Elle ne finissait plus aussi bien sa besogne. Comme elle avait, plus qu’à l’habitude, le souci de ne pas mécontenter Michel, elle passait plus de temps qu’il n’en fallait aux choses vers lesquelles l’attention du patron avait coutume de se porter ; et, pour le reste, les jours n’étaient pas assez longs. Ainsi elle essuyait bien encore, et avec grand soin, ces vieilles choses de la cheminée, ces vieilles choses assez laides dont elle avait la garde depuis la mort du père Corbier, mais les chaises, les lits, les armoires à belles ferrures, elle ne les touchait plus que rarement et d’une main rapide.

Il lui arrivait de s’asseoir, et de prendre Jo sur ses genoux et de rester ainsi un long moment. Quand l’enfant consentait à se laisser bercer, quand il s’endormait sur son épaule, quand la petite haleine tiède venait lui caresser la figure, une torpeur douce s’emparait d’elle et elle avait encore, dans un oubli de tout, un moment de grand bonheur.

Michel la contrariait en toute occasion ; il s’affirmait le maître, durement. Sur un ton qui n’admettait pas de réplique il fit, un matin, commandement à Madeleine de préparer les hardes de Lalie pour qu’elle pût aller à l’école à partir de la Toussaint.

À vrai dire il était temps : Lalie avait sept ans bien sonnés. Mais comme elle était seule pour aller à St-Ambroise, Madeleine, jusqu’à présent, avait réussi à la garder à la maison. Elle lui avait appris à lire, à compter et même elle lui avait acheté à la ville des cahiers à modèles tout faits sur lesquels