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NÊNE.

et l’on n’entendait plus parler de querelles ni de ribotes.

Aux Moulinettes, Michel n’était presque jamais à la maison ; même le dimanche on ne le voyait guère. Madeleine s’en réjouissait.

— Il s’amuse, pensait-elle. Ce n’est pas un homme bien sérieux… Tant mieux pour moi ! De la sorte il ne songera pas à se remarier… Cette petite tailleuse ne voudrait pas prendre ma place à la maison.

C’est qu’elle avait eu un moment d’angoisse ! Maintenant elle en riait, car ses craintes lui paraissaient bien chimériques.

Michel ne lui parlait pas souvent, mais toujours de bonne amitié.

Il lui laissait toute liberté. Elle avait la bourse à sa disposition, achetait et vendait à sa guise. Quelquefois elle faisait bien semblant de rendre ses comptes, mais il secouait la tête et disait en riant :

— Inutile… Inutile ! J’ai confiance.

S’il l’eût écouté pourtant il se fût peut-être aperçu qu’elle le trompait. Quand elle lui disait par exemple :

— J’ai acheté pour Lalie une paire de galoches qui m’ont coûté cent sous…

Il n’eût pas fallu beaucoup d’attention pour remarquer que ces galoches étaient de fort jolies bottines valant au moins le double.

De même il n’eût pas été assez benêt pour croire qu’elle n’achetait, par mois, à l’épicier, qu’une ta-