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NÊNE.

Madeleine écrivit cela très vite.

— Alors, c’est sûr ? Quand seras-tu nommé ?

— Peut-être dans huit jours, peut-être dans un mois, peut-être demain. Cela dépendra du temps qu’ils mettront aux écritures.

Il ajouta d’une voix claire :

— Quand je serai facteur à Château-Blanc, j’espère que la mère de Violette changera d’idée et que nous ferons notre noce. J’aurai une bonne paye et, avec ce qu’elle gagnera de son métier à travailler chez nous, nous pourrons vivre, je pense bien !

Madeleine se détourna et ne fit point écho.

Il cligna des yeux avec malice et continua sur un ton de confidence :

— Je vais te dire : pour avoir quelque chose, ce n’est pas malin… mais il faut savoir. Moi, d’abord, je demandais comme ça tout seul. J’ai fait mon temps de service, n’est-ce pas ? J’ai été brigadier… et je suis estropié… J’ai le droit pour moi… J’ai l’instruction qu’il faut… j’écris un peu de ma main gauche… Bon ! Tu crois que ça va venir ? Eh bien tu peux attendre ! Trois mois : rien ! six mois : rien ! huit mois : rien !… Alors je me suis renseigné et quelqu’un m’a dit : « Allez donc trouver M. Blanchard. » Tu en as entendu parler de M. Blanchard ? Tous les Dissidents ont voté pour lui aux élections ; s’il n’a pas réussi ce n’est pas notre faute… Tout de même il a le bras long, étant pour le gouvernement. Ça m’ennuyait bien d’aller le trouver : je n’aime pas demander. Je me suis décidé quand même. Je lui