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PRÉFACE.

encore, celle des romantiques comprise, où on l’a poussé malgré lui, et celle des moralistes, à l’accès de laquelle il a droit. Qu’y a-t-il, en effet, de plus moral que la mort de son héroïne ?

Tout cela dans un seul roman ?

Mon dieu, oui ! Parce que ce roman est la vie même des hommes dans un milieu et que dans tous les milieux il y a la bataille de tous les sentiments humains. Selon la nature du sujet ou de l’auteur certains sont reproduits avec une religieuse fidélité, d’autres sont agrandis par un multiple, d’autres subissent de vengeresses anamorphoses — mais l’essence de chacun demeure intacte.

Alors pourquoi ces étiquettes dont l’une d’elles seulement ne dit toute la vérité que pour une œuvre écrite dans un but déterminé, et qui n’a du roman que le sous-titre menteur ?

En 1920, on tient plus simplement Madame Bovary pour un roman bourgeois, parce que nous avons décrété que tout roman dont l’action se passe hors de Paris, ou dont les protagonistes ne sont pas gens fréquentant les courses, les thés, les expositions, les cercles, les théâtres ou les dancings, est un roman bourgeois ou paysan. Comme, aussi, on entend « bourgeois » dans le sens de « provincial » cela donnera plus tard à penser qu’à notre époque il n’y avait à Paris ni bourgeois, ni paysans.

Injuste classification dont on pourrait n’avoir cure s’il n’en découlait de si injustes conséquences !

À moins d’un coup de chance, en effet, sur lequel il vaut mieux ne pas compter — qui se produit,