Page:Perochon - Nene.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
NÊNE.

— Attention ! cria le photographe ; nous y sommes ?

Elle leva les yeux et, d’un geste vif, écarta son châle : sa gorge parut, très blanche, sous le tulle clair.

Le photographe levait la main.

— Allons ! Je compte… un !…

Michel n’eut que le temps de tourner la tête.

— … deux !… trois ! Je vous remercie !

Des bruits de toux s’élevèrent et des rires et des cris ; les drôles se prirent à gambader.

Michel, aussitôt, fit demi-tour mais, déjà, la fille s’éloignait. Il eut un élan pour la rejoindre et puis il n’osa. Il la suivit des yeux, souple et fine, à travers ces gens un peu lourds, vêtus à l’ancienne mode. Quand elle fut à une vingtaine de pas, en haut de la pente, elle s’arrêta ; son regard papillonna un instant puis, rencontrant le regard de Michel, il brilla soudain et se posa en appuyant. Tout de suite après, elle passa sur la chaussée et disparut.

Alors Michel ne tarda point à s’impatienter. Il n’y avait plus guère d’acheteuses, deux ou trois seulement qui le harcelaient, demandant ces poissons-là au lieu de ceux-ci, criant qu’il les volait, qu’on était bien libre de marchander, peut-être !

— Eh oui ! eh oui ! vous êtes libres… et moi aussi !

D’un geste violent, il avait rejeté les poissons qu’il tenait.

— Maintenant, vous m’attendrez un petit moment, si vous voulez… Je m’en vais à la maison.

Il se lava les mains et, ayant fait commandement