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NÊNE.

cherchaient des yeux leurs drôles placés en avant. Les garçons donnaient le bras aux filles. Le monsieur les avait appariés à sa convenance selon le costume ou la taille et les galants n’étaient point avec leurs bonnes amies ; mais personne n’osait bouger, crainte de faire tout manquer.

Et Michel vit, en avant des autres, à trois pas derrière lui, cette belle fille qui l’avait regardé si drôlement tout à l’heure. Le monsieur l’avait mise au bras d’un garçon boulanger de St-Ambroise, mais elle s’était tranquillement dégagée pour se placer à sa fantaisie, là, bien en avant.

Elle était grande avec des hanches serrées et une poitrine arrondie. Sous ses cheveux noirs son visage était comme du lait ; mais ses yeux, surtout, étaient admirables, très larges et très noirs, avec de la lumière pourtant, un brasillement d’étincelles, des rais vifs comme des scintillements d’étoiles par une belle nuit de gelée.

Michel sentit que le sang bondissait en ses veines.

— Je serai ici comme une tache, si près de vous, Mademoiselle.... Vous seriez mieux à côté d’un de ces gars en habit du dimanche.

Elle répondit tout droit :

— Je ne trouve pas.... Vous êtes au travail : on le verra bien !

Elle ajouta et ses yeux glissèrent sous ses longs cils :

— Vous avez de la chance ; il vous a dit qu’il vous donnerait des cartes.... Moi aussi j’en voudrais une !