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NÊNE.

Il fut ennuyé d’être mal vêtu…

L’étang allait être complètement vidé. C’était maintenant une grande cuvette noire, six hectares de boue où ne serpentait plus qu’un ruisseau d’eau fangeuse.

Les gros poissons sortaient, des carpes énormes qu’il fallait attraper une par une. Les deux valets étaient descendus dans la poêle et ils y patouillaient, crottés jusqu’aux cheveux, contents tout de même de ce singulier travail. Les anguilles apparaissaient une à une à l’entrée du bondon mais elles piquaient tout de suite dans la vase et allez courir après ! Les grosses, d’ailleurs, restaient sur l’étang ; on en voyait d’énormes étendues un peu partout ; il devait y en avoir de très vieilles que l’on avait jamais pu faire sortir.

Les curieux en montraient une, pas très loin ; et un jeune gars disait :

— J’irais bien la chercher !

Comme on l’en défiait, il paria.

— Tu n’as qu’à la prendre, dit Michel ; je te la donne et vingt sous avec.

Il se déshabilla donc, passa un vieux pantalon et s’avança dans la boue. Il en eut vite jusqu’à la ceinture et, comme il s’entêtait, excité par les rires, il tomba à plat, sans pouvoir se relever. Les filles l’engeignaient :

— Tourne à droite !… à gauche !… il est pris comme une mouche dans de la crème.

Il fallut lui jeter une corde et le traîner sur la vase comme un tronc d’arbre. Il descendit dans le pré