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Pour coulourer nostre concupiscence,
Noz vains desirs, & folies sans nombre.
Et nonobstant qu’ilz n’ayent aucune essence,
Par une folle imagination
Nous en faisons nostre vraye science.
Ò miserable est la condition
De nous humains, laquelle est tousjours prompte
A inventer nostre perdition.
Mais sur ce point je voy l’aulbe, qui monte
Chassant bien loing ceste tourbe nuisante
De Vaine gloire, Ambition, & Honte :
Si m’esjouys en la clarté plaisante
De mon cler Jour, que je veis apparoistre,
Pour esclarcir ma nuict tres mal plaisante,
Comme il se faict assez de soy congnoistre.


desespoir traduict de la
prose du Parangon Italien.


Si c’est Amour, Pourquoy m’occist il donc,
Qui tant aymay, & hayr ne sceuz onc ?
Et s’il m’occist, pourquoy plus oultre vis ?
Et si je vis, pourquoy font mes devis
De desespoir, & de plainctz tous confus ?
Meilleur m’estoit, soubdain que né je fus,
De mourir tost, que de tant vivre, mesmes,