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la guerre des boutons


salissent point, les soldats de Lebrac et le chef se déshabillaient.

— Prends mon fiautot[1], fit Tintin à Boulot, et grimpe sur le chêne que voilà. Si, des fois, tu voyais le noir ou le fouette-cul ou quelqu’un que tu ne connaisses pas, tu sifflerais deux coups pour qu’on puisse se sauver.

À ce moment, Lebrac, qui était en tenue, poussa une exclamation de colère en se frappant le front :

— Nom de Dieu de nom de Dieu ! Comment que j’y ai pas songé ? on n’a point de poche pour mettre les cailloux.

— Merde ! c’est vrai ! constata Tintin.

— Ce qu’on est bête, confessa La Crique. Il n’y a que les triques, c’est pas assez ! Et il réfléchit une seconde…

— Prenons nos mouchoirs et mettons les cailloux dedans.

Quand il n’y aura pus rien à lancer, chacun roulera le sien autour de son poignet.

Bien que les mouchoirs ne fussent souvent que des morceaux hors d’usage de vieilles chemises de toile ou des débris de torchons, il se trouva une bonne demi-douzaine de combattants qui n’en étaient point pourvus, et ce, pour la simple raison que, leurs manches de blouses les remplaçant avantageusement à leur gré, ils ne tenaient point du tout, en

  1. Fiautot, sifflet.