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la guerre des boutons


reprit La Crique : ils sont plus bêtes que mes pieds, on dirait qu’ils n’ont jamais rien vu, pas même une vache qui vêle ou une cabe qu’on mène au bouc.

Boulot comprit, fut héroïque et se résigna. Il déboutonna ses bretelles, laissa tomber sa culotte, troussa sa chemise et montra à tous les guerriers de Longeverne, plus ou moins intéressés, « l’envie » qui ornait la face postérieure de son individu. Et sitôt qu’il eut fait, la motion de Lebrac, appuyée par Camus, Tintin, La Crique et Grangibus, fut adoptée à « l’inanimité », comme d’habitude.

— C’est pas tout ça, maintenant, reprit Lebrac : il faut savoir où l’on se déshabillera et ousqu’on cachera les habits. Si, des fois, Boulot voyait s’amener quelqu’un comme le père Simon ou le curé, vaudrait tout de même mieux qu’ils ne nous voient pas à poil, sans quoi on pourrait bien tous prendre quelque chose en rentrant chez soi.

— Je sais, moi, déclara Camus. Et l’éclaireur volontaire conduisit la petite armée dans une sorte de vieille carrière entourée de taillis, abritée de tous les côtés, et d’où l’on pouvait facilement, par une espèce de sous-bois, arriver derrière le retranchement du Gros Buisson, c’est-à-dire au champ de bataille.

Dès qu’arrivés ils se récrièrent :

— Chicard !

— Chouette !