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la guerre des boutons


ment dissimulés, prêts à toutes les péripéties du combat corps à corps.

Tous avaient les poches bourrées de cailloux ; quelques-uns même en avaient rempli leur casquette ou leur mouchoir ; les frondeurs vérifiaient les nœuds de leur arme avec précaution ; la plupart des grands étaient armés de triques d’épines ou de lances de coudres avec des nœuds polis à la flamme et des pointes durcies ; certaines s’enjolivaient de naïfs dessins obtenus en faisant sauter l’écorce : les anneaux verts et les anneaux blancs alternaient formant des bigarrures de zèbre ou des tatouages de nègre : c’était solide et beau, disait Boulot, dont le goût n’était peut-être pas si affiné que la pointe de sa lance.

Dès que les avant-gardes eurent pris contact par des bordées réciproques d’injures et un échange convenable de moellons, les gros des deux troupes s’affrontèrent.

À cinquante mètres à peine l’un de l’autre, disséminés en tirailleurs, se dissimulant parfois derrière les buissons, sautant à gauche, sautant à droite pour se garer des projectiles, les adversaires en présence se défiaient, s’injuriaient, s’invitaient à s’approcher, se traitaient de lâches et de froussards, puis se criblaient de cailloux, pour recommencer encore.

Mais il n’y avait guère d’ensemble ; tantôt