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la guerre des boutons


« passe que » il ne faut guère compter qu’on tombera dessus le premier matin. Qu’est-ce qui veut oser faire ce coup-là pour recevoir une tatouille carabinée de son père et attraper un mois de retenue du maître d’école ?

— Il n’y a que Gambette !

— Mais comment ont-ils bien pu la trouver, les salauds ? Une cabane si bien cachée, que personne ne connaissait et où ils ne nous avaient jamais vus venir !

— C’est pas possible ! on leur a dit !

— Tu crois ? Mais qui ? il n’y a que nous qui sachions où elle est ! Il y aurait donc un traître ?

— Un traître ! ruminait La Crique. — Puis se frappant le front sans souci de son œil, illuminé malgré son bandeau d’une pensée subite :

— Oui ! là ! nom de Dieu ! rugit-il, oui, il y a un traître et je le connais, le salaud, je sais qui c’est ! Ah, je vois tout, je devine tout maintenant, le dégoûtant, le Judas, le pourri !

— Qui ? interrogea Camus.

— Qui ? reprirent les deux autres.

— Bacaillé ! pardi !

— Le bancal ! Tu crois ?

— J’en suis sûr. Écoutez-moi :

« Jeudi, il n’était pas avec nous, il est allé avec son père à la foire à Baume, hein ? vous vous souvenez ? Rappelez-vous bien maintenant la gueule qu’il faisait