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la guerre des boutons


— Fait-il le « zig » ! bon Dieu ! pour une fois qu’il va à la foire, ce coco-là ! Dirait-on pas qu’il descend de calèche et que son calandeau[1] est un pur sang ?

Mais l’autre, d’un air de vengeance satisfaite et de profond dédain, continuait à ricaner en les regardant.

Au reste, ils ne pouvaient se comprendre.

Le lendemain, vu la quantité d’unités hors de combat, il était impossible de songer à se battre. D’ailleurs, les Velrans, eux, ne pourraient certainement pas venir ! On se reposa donc, on se soigna, on se pansa avec des herbages simples ou compliqués chipés dans les vieilles boîtes à remèdes des mamans, au petit bonheur des trouvailles. Ainsi La Crique se faisait des lavages de camomille à la paupière et Tintin pansait son bras avec de la tisane de chiendent. Il jurait d’ailleurs que cela lui faisait beaucoup de bien. En médecine comme en religion il n’y a que la foi qui sauve.

Et puis on fit quelques parties de billes pour se changer un peu des distractions violentes de la veille.

Le samedi on ne devait pas plus que le vendredi se rendre au Gros Buisson. Pourtant Camus, Lebrac, Tintin et La Crique, que l’ennui taraudait, résolurent, non point d’aller chercher noise ou reconnaî-

  1. Carcan, vieux cheval.