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la guerre des boutons


arrivèrent à la tranchée qui séparait les coupes des deux pays. Ils la remontèrent à la queue leu leu, vivement, sans bruit et, sur un signe du chef qui les fit passer devant et resta en queue, par petits paquets ou individuellement, se blottirent dans les massifs de buissons épais qui grandissaient entre les baliveaux de la coupe de Velrans.

Il était temps vraiment. Des profondeurs du taillis une rumeur montait de cris, de rires et de piétinements ; encore un peu et l’on distingua les voix.

— Hein, traînait Tatti, que je l’ai bien attrapé çui-là, il n’a rien pu. Qu’est-ce qu’il doit faire maintenant « avec sa culotte qu’il n’a plus » ?

— Il pourra toujours faire la colbute[1] sans perdre ce qu’il y a dans ses poches.

— On va la mettre au bout de la perche, ça y est-il ? Est-elle prête, Touegueule, ta perche ?

— Attends un peu, je suis en train de « siver » les nœuds pour ne pas me « grafigner » les mains ; na ! ça y est !

— Mets-y les pattes en l’air !

— On va marcher l’un derrière l’autre, ordonna l’Aztec, et on va chanter not’cantique : s’ils entendent ça les fera bisquer !

Et l’Aztec entonna :

  1. Culbute.