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la guerre des boutons


— Et la prière ? fit quelqu’un.

— Merde pour la prière ! riposta le chef. Les Velrans vont certainement aller à leur cabane, car ils en ont une, ils en ont sûrement une ; pendant ce temps-là, on a le temps d’arriver ; on se calera dans les rejets de la jeune coupe, le long de la tranchée qui descend.

« Eux, à ce moment-là, n’auront plus de triques, ils ne se douteront de rien ; alors, à mon commandement, tout d’un coup, on leur tombera dessus et on leur reprendra bien la culotte. À grands coups de trique, vous savez, et s’ils font de la rebiffe, cassez-leur-z’y la gueule !

« C’est entendu, allez, en route !

— Mais s’ils ont caché la culotte dans leur cabane ?

— On verra bien après, c’est pas le moment de cancaner, et puis y aura toujours l’honneur de sauvé !

Et comme rien ne bougeait plus à la lisière ennemie, tous les guerriers valides de Longeverne, entraînés par le général, dévalèrent comme un ouragan la pente en remblai du coteau de la Saute, sautant les murgers et les buissons, trouant les haies, franchissant les fossés, vifs comme des lièvres, hérissés et furieux comme des sangliers.

Ils longèrent le mur d’enceinte du bois et toujours galopant en silence, en se rasant le plus possible, ils