Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
la guerre des boutons


je saurais ce que ça me coûterait. Qu’est-ce que je veux dire ?

Camus eut un grand geste évasif et ennuyé, évoquant les piles paternelles et les jérémiades des mères.

— Et l’honneur ! nom de Dieu ! rugit Lebrac. Vous voulez qu’on dise que les Longevernes se sont laissé chiper la culotte de Tintin tout comme un merdeux d’Aztec des Gués, vous voulez ça, vous ? Ah ! non ! nom de Dieu ! non ! jamais ! ou bien on n’est rien qu’une bande de pignoufs juste bons à servir la messe et à empiler du bois derrière le fourneau.

Les autres ouvraient sur Lebrac des yeux interrogateurs ; il répondit :

— Il faut reprendre la culotte de Tintin, il le faut à tout prix, quand ça ne serait que pour l’honneur, ou bien je ne veux plus être chef, ni me battre !

— Mais comment ?

Tintin, nu-jambes, grelottait en pleurant au centre de ses amis.

— Voilà, reprit Lebrac qui avait ramassé ses idées et combiné son plan : Tintin va partir à la cabane rejoindre Boulot et attendre la Marie. Pendant ce temps-là, nous autres, au triple galop, avec nos triques et nos sabres, nous allons filer par les champs de la fin dessous, longer le bas du bois et aller les attendre à leur tranchée.