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la guerre des boutons


tout dépendra de la façon dont il se comportera pendant la classe d’aujourd’hui.

« D’ailleurs huit heures sonnent. Mettez-vous en rangs, vivement et en silence.

Et il frappa plusieurs fois de suite dans ses mains pour confirmer cet ordre verbal.

— Sais-tu tes leçons ? demanda Tintin à Camus.

— Oui, oui ! mais pas trop ! Dis à La Crique de me souffler quand même, hein ! s’il le peut.

— M’sieu, fit d’une voix rogue Bacaillé, ils me disent des noms, les Gibus et La Crique !

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a !

— Ils me disent : vache espagnole ! boquezizi ! peigne…

— C’est pas vrai, m’sieu, c’est pas vrai, c’est un menteur, on l’a à peine « ergardé », ce menteur-là !

Il faut croire que les regards étaient éloquents.

— Allons, fit le maître d’un ton sec, en voilà assez ; le premier qui redira quelque chose et qui reviendra sur ce sujet me copiera deux fois d’un bout à l’autre la liste des départements avec les préfectures et sous-préfectures.

Bacaillé, étant englobé dans cette menace de punition qui ne se confondait pas avec la retenue, se résolut momentanément à se taire, mais il se jura bien, lorsqu’elle se présenterait, de ne pas perdre l’occasion de se venger.

Tintin avait communiqué à La Crique le vœu de Camus,