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la guerre des boutons


— Pendant que nous avons les pattes au chaud et le ventre plein, qu’on est bien tranquille en train de fumer un bon cigare, si on disait des racontottes[1] ?

— Ah ! oui, c’est ça, ou bien des devinettes ? Pour rigoler, on donnerait des gages.

— Mes vieux, coupa La Crique, les jambes croisées, grave, le cigare aux dents, moi, si vous voulez, j’vas vous dire quelque chose, quéque chose de sérieux, de vrai, que j’ai appris y a pas longtemps. C’est même presque de l’histoire. Oui, je l’ai entendu du vieux Jean-Claude qui le racontait à mon parrain.

— Ah ! quoi ? quoi donc ? interrogèrent plusieurs voix.

— C’est la cause pourquoi qu’on se bat avec les Velrans. Vous savez, mes petits, c’est pas d’aujourd’hui ni d’hier que ça dure : il y a des années et des années.

— C’est depuis le commencement du monde, pardié, interrompit Gambette, parce qu’ils ont toujours été des peigne-culs ! et voilà !

— C’est des peigne-culs tant que tu voudras, pourtant c’est pas depuis le moment que tu dis quand même, Gambette, c’est après, bien après, mais il y a tout de même une belle lurette depuis ce temps-là au jour d’aujord’hui.

  1. Histoires.