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la guerre des boutons


che il faut faire attention et ne pas trop se salir, parce que, on se ferait beigner, en rentrant.

Seulement on leur dira deux mots.

Le troisième coup de cloche (le dernier), sonnant à toute volée, les mit en branle et les ramena lentement à leur place accoutumée dans les petits bancs de la chapelle de saint Joseph, symétrique à celle de la Vierge, où s’installaient les gamines.

– Foutre ! fit Camus en arrivant sous les cloches ; et moi que je dois servir la messe aujord’hui, j’vas me faire engueuler par le noir !

Et sans prendre le temps de plonger sa main dans le grand bénitier de pierre où les camarades gavouillaient[1] en passant, il traversa la nef en filant tel un zèbre pour aller endosser son surplis de thuriféraire ou d’acolyte.

Quand, à l’Asperges me, il passa entre les bancs, portant son baquet d’eau bénite où le curé faisait trempette avec son goupillon, il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil sur ses frères d’armes.

Il vit Lebrac montrant à Boulot une image que lui avait donnée la sœur de Tintin, une fleur de tulipe ou de géranium, à moins que ce ne fût une pensée, soulignée du mot « souvenir » et il clignait de l’œil d’un air don juanesque.

  1. Gavouiller, agiter l’eau avec la main pour faire des remous et des glouglous.