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la guerre des boutons


– Fais attention aux boutons ! Il y a ton père qui jabote avec le père Simon. Je n’ai rien que peur que ce vieux sagouin ne lui dise qu’il t’a puni aujourd’hui pour ça et qu’on ne te fouille. Tâche de les cacher en cas que cela n’arrive, hein ! moi je me barre ; s’il me voyait il se douterait peut-être que je t’ai prévenu.

On entendait déjà au contour les claquements de fouet du père Tintin. La Crique se glissa entre les clôtures des vergers et disparut comme une ombre, tandis que la Marie, intéressée autant que les gars dans l’aventure, prenant fort opportunément une résolution aussi subite qu’énergique, troussait son tablier, le liait solidement derrière son dos pour former devant une sorte de poche et enfouissait dans cette cachette, sous son ouvrage, le sac et les boutons de l’armée de Longeverne.

– Rentre ! dit-elle à son frère, et fais semblant de travailler, moi je vais rester à ravauder mon bas.

Tout en ayant l’air de ne s’intéresser qu’à son travail, la sœur de Tintin ne manqua pas d’observer en dessous la mine de son père, et elle ne douta nullement qu’il y aurait du grabuge quand elle eut saisi le coup d’œil qu’il lança pour savoir si son fils se trouvait encore à fainéanter au seuil de la porte.

Les bœufs et les vaches se pressaient, se bousculaient pour rentrer vite à l’étable et tâcher, en