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la guerre des boutons


l’armée de Longeverne arrivait près de Camus.

À travers ses paupières demi-closes et ses cils papillotants, le guerrier tombé avait vu les Velrans s’arrêter court devant lui, puis faire demi-tour et finalement s’enfuir.

Alors, comprenant aux grondements furieux accourant à lui que les siens venaient à la rescousse et les mettaient en fuite, il rouvrit les yeux, s’assit sur son derrière, puis se releva paisiblement, campa ses poings sur ses hanches et fit aux Velrans, dont les têtes inquiètes apparaissaient à niveau du mur d’enceinte, sa plus élégante révérence.

– Cochon ! salaud ! ah traître ! lâche ! beuglait l’Aztec des Gués, voyant que son prisonnier, car il l’était, lui échappait encore par ruse ; ah ! je t’y rechoperai ! je t’y rechoperai ! et tu n’y couperas pas, fainéant !

Lors Camus, très calme et toujours souriant, l’armée de Longeverne étonnée étant derrière lui, porta son index à sa gorge et le passa quatre fois d’arrière en avant, du cou au menton ; puis, pour compléter ce que ce geste avait déjà d’expressif, se souvenant opportunément que son grand frère était artilleur, il se frappa vivement de la dextre sur la cuisse droite, retourna la main, la paume en dehors, le pouce à l’ouverture de la braguette.

– Et çui-là ! reprit-il, quand c’est-y que tu le choperas, hé ! trop bête !