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Même succès dans les villes qu’au milieu des camps.

La prospérité inouïe des États-Unis avait été marquée par un ralentissement des pratiques chrétiennes. De l’argent et du plaisir, tel était, pour beaucoup, l’unique souci. Les horreurs de la guerre, l’avenir mal assuré, le subit effondrement des fortunes, donnaient un autre tour aux préoccupations des moins fervents. Les Jésuites en avaient profité pour organiser de grandes missions.

À Saint-Louis, à Boston, à Cincinnati, à Louisville, à New-York, à Washington, le succès avait dépassé les espérances. Protestants et catholiques se pressaient aux sermons des PP. Weninger, Smarius, Damen, Maguire, O’Reilly. À lui seul, le P. Smarius obtenait, en moins de trois mois, 50 000 communions et 250 abjurations. Ceux qui, naguère, ne voulaient pas même entendre parler du catholicisme, montraient le plus d’empressement à se faire instruire.[1]

Toutefois, au Missouri, un parti sectaire entravait singulièrement l’action du clergé. Pour permettre aux ecclésiastiques d’enseigner ou de prêcher, la législature[2] exigeait le serment que jamais, pendant la guerre, ils n’avaient sympathisé avec le Sud. Le refus entraînait une amende de 500 dollars ou six mois de prison.

« Si cette loi est appliquée, disait le P. De Smet, nos églises seront fermées et nos écoles ruinées ». Et il ajoutait : « Nous ne tenons pas de l’État le pouvoir de prêcher et d’enseigner, et nous ne pouvons, sans

  1. Sur l’apostolat catholique aux États-Unis pendant la guerre, voir les Études, décembre 1862 et octobre 1863.
  2. On donne le nom de législature au parlement local de chacun des États-Unis. Cette assemblée délibère sur les questions n’ayant pas un caractère fédéral.