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Faisant, avec le P. Provincial, la visite des maisons de la Compagnie, le P. De Smet doit plus d’une fois braver la fureur des fanatiques. À Cincinnati, un prêtre ne peut se montrer dans les rues sans être insulté par des renégats allemands, suisses ou italiens. À Louisville, une trentaine de catholiques viennent d’être tués sur la place publique ou brûlés vifs dans leurs maisons. Ceux qui voulaient fuir ont été repoussés dans les flammes à coups de fusil et de poignard. À Saint-Louis même, on compte sept attentats en moins d’une semaine.

Les Jésuites ne sont pas épargnés. À Ellsworth, dans le Maine, le P. Bapst est violemment arraché de la maison d’un catholique, chez qui il entend les confessions. Les sectaires le dépouillent de ses habits, l’enduisent de goudron, le roulent dans un amas de plumes, puis le portent sur un bâton à travers les rues de la ville, au milieu des plus grossières insultes.

Quelques mois plus tard, près de Mobile, le P. Nachon se voit arrêté et frappé brutalement, pendant qu’il va dire la messe dans un village. Un des assaillants lui met le poignard sur la poitrine, en disant :

— Ne revenez plus au village ; sinon, vous ferez connaissance avec cette lame.

Le P. De Smet, qui a vu d’autres dangers, écrit simplement : « Notre situation n’est pas fort agréable. Nous vivons un peu dans la crainte, sans toutefois avoir peur. En tout cas, il est bon de se tenir prêt et de beaucoup prier ».[1]

Loin d’avoir peur, il poursuit, à cette heure même, l’ouverture d’un collège à Milwaukee. Jamais, d’ailleurs,

  1. À son neveu Paul. — Saint-Louis, 22 août 1855.