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les poètes n’ont point de nos jours cette simplicité d’âme. Mais ils s’efforcent de revenir à la candeur primitive. Ils réagissent par là contre la poésie critique et analytique des parnassiens, contre leur « philosophie » consciente ou non, laquelle est le positivisme. Enfin le symbole, beaucoup moins précis que l’allégorie, est aussi beaucoup plus complexe, car les similitudes qu’il exprime, ayant peu de rigueur, s’étendent par suite à plus d’objets liés ensemble, et unissent plus de significations diverses. N’y cherchons rien de logique et de rationnel ; il ne se rapporte qu’au sentiment, et reproduit ce que le sentiment présente en soi d’indéterminé. Aussi les poètes symbolistes sont-ils souvent obscurs. Et cela tient à leur conception même de la poésie. Ce qui est clair, c’est, pour eux, l’affaire de la prose. Pas de poésie sans obscurité.


On trouverait chez presque tous les romantiques quelque chose de plus ou moins symboliste ; mais il en est certains dont les novateurs devaient particulièrement se réclamer. Sainte-Beuve peut-être ; en tout cas, Alfred de Vigny et Baudelaire.

Lorsque la jeune école était à ses débuts, elle s’appelait indifféremment symboliste ou décadente. Le nom de symboliste a prévalu parce que, trop précis sans doute, il s’accordait mieux à la nouvelle poésie, que caractérisaient, chez certains, les complications et les raffinements d’une littérature vieillissante, mais qui, chez la plupart, fut un retour