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ET DE MORALE CONTEMPORAINES

Est-ce une raison pour ouvrir l’Université populaire à n’importe quelle doctrine ?

Malgré le libéralisme que l’Université populaire professe, il y a des doctrines dont elle ne saurait sans contradiction accueillir les représentants. Doit-elle, sous couleur de tolérance, donner la parole aux apôtres du fanatisme ? Et, fondée pour émanciper les esprits, livrera-t-elle ses auditoires à ceux qui prêchent la servitude ?

« Notre association, déclare la Société des Universités populaires, ne propage aucune théorie exclusive. » J’entends bien, et j’approuve. Cependant, il est un certain nombre d’idées communes qui donnent à l’Université populaire sa physionomie propre, son unité, qui en sont, pour tout dire, l’âme même. Par quelle aberration introduirait-elle dans sa chaire les ennemis de ces idées ? Ils ne sont pas à craindre, dira-t-on. Je ne les crains pas. Mais c’est, pour le moins, une perte de temps. Et, poussée à ce point, notre tolérance deviendrait jeu de dupe. Si les Universités populaires ont raison de voir dans la tolérance un objet essentiel de l’éducation, il y a encore parmi leurs adhérents, malgré la communauté des vues générales, assez de divergences pour en faire l’apprentissage.

Je dirai plus. On la conçoit mal, ce me semble, quand on nous invite (sur les cartes d’adhérents) à respecter l’idée de chacun. La sincérité des croyances les rendrait donc respectables ? Je demande pourquoi nous respecterions, si sincère fût-elle, une croyance erronée et dangereuse. Dites, ce cliché ne vous agace-t-il pas ?

Respectons l’homme, d’accord. Et pourtant je ne vois pas très bien comment mériteraient le respect à