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ÉTUDES DE LITTÉRATURE

meilleure que nous avons, pour nous éclairer et nous guider, un excellent travail de M. Maurice Pellisson, paru, il y a quelques jours, à l’Imprimerie nationale, — les Œuvres auxiliaires et complémentaires de l’École en France — dans lequel une trentaine de pages renferment sur cet enseignement les indications les plus précises et les mieux ordonnées.

Je ne confonds point M. Jean Vignaud avec M. Bourget. C’est un « ami du peuple ». Mais son livre, quelque talent d’observation qu’il dénote, n’a pas une valeur documentaire. M. Vignaud veut montrer que les ouvriers, avant de s’instruire, doivent améliorer les conditions de leur vie matérielle. Un livre ainsi conçu ne saurait être impartial. Condamnée par avance, la Fraternité souffre, dès le début, de tous les maux qui nous expliqueront sa prompte chute. L’accident de la petite Claire, tombant d’inanition parmi ses compagnes du patronage, ne fait que hâter un dénouement attendu. À l’Université populaire succède une boulangerie coopérative ; et le dernier chapitre du roman nous en décrit l’inauguration dans une scène assez belle que nous avions depuis longtemps pressentie.

Certes, M. Jean Vignaud a raison de prétendre qu’il faut d’abord assurer au peuple son pain de chaque jour. Mais, parce qu’on invente je ne sais quelle tragique histoire d’une fillette qui meurt de faim, irons-nous démolir les écoles afin d’élever sur leurs ruines des boulangeries ?

Après le pain, Danton le disait déjà, le premier besoin du peuple, c’est l’instruction. Et il ne s’agit pas seulement de l’instruction primaire, que reçoivent aujourd’hui tous les enfants. Le peuple réclame à bon