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plus ou moins richement organisée, sous tel ou tel nom de quadrupède ? c’est uniquement l’intelligence, car l’intelligence a seule puissance d’activité, et l’activité a seule puissance de progrès. Quand donc nous disons que la nature progresse, nous entendons par nature l’intelligence active préposée à l’œuvre de la création.

Le jour où nous trouverons cette intelligence constituée sur la terre à l’état d’être vivant, alors, et seulement alors nous retrouverons le progrès ; nous allons la rencontrer tout à l’heure. Mais auparavant, laissez-moi ici vous exprimer en toute sincérité le regret d’un homme qui vous admire, et qui voudrait réunir en vous tous les rayons de la vérité.

J’aurais cru, je l’avoue humblement, que cette magnifique évolution de vie sur la terre devait tenter votre intelligence, que vous, grand artiste, vous deviez par ce don de seconde vue, appelé le génie, saisir le premier ou tout au moins acclamer le grand art de la création, qui va sans cesse variant son œuvre, qui va sans cesse tournant la page, qui va sans cesse jetant sur le premier épisode de vie, un épisode encore plus dramatique, et va sans cesse augmentant l’intérêt à mesure que la scène marche au dénoûment. Cette idée semblait faite pour vous ; elle était à votre taille. Lorsqu’elle est venue frapper à votre porte ; pourquoi l’avez-vous écartée de la main comme une importunité ?

Vous deviez laisser la négation du progrès dans la nature à cette petite école éclectique, de seconde main, qui