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refus de marcher, et que leur incarcération dispensait de combattre… pour les faire sortir et les envoyer à la Muette, c’est-à-dire au feu.

La seconde, chose plus étrange ! pour prier le fils Laudet, en qualité d’ingénieur, de vérifier un instrument de physique qui ne fonctionnait pas : et c’était, dit M. Laudet, « un électro-aimant semblable à celui qui nous avait servi dans le jardin de la mairie, pendant le siège, à démontrer la facilité de faire sauter une mine par des fils électriques ».

On sait que peu avant l’entrée des troupes, la cartoucherie Rapp fit explosion, et que la Commune attribua gratuitement cet horrible accident aux « manœuvres de Versailles ».

Les soupçons les moins fondés étaient vite conçus dans ces temps fiévreux. Le jour même, apercevant M. de Montaut, le fils Laudet se rappela l’électro-aimant ; il voulait faire arrêter le chef de légion. Son père se hâta de l’entraîner.

Enfin l’armée entra. Ni le père ni le fils Laudet ne crurent avoir à se cacher. Le dimanche 28 (alors que tout Paris était au pouvoir de l’armée), le père étant allé à Saint-Thomas-d’Aquin revoir le chef de l’artillerie, M. Levasseur, apprenait, en rentrant à six heures du soir, que son fils sorti pour aller rue Lecourbe avait été arrêté et conduit à l’École militaire.

M. Laudet fit aussitôt une démarche auprès du général Ménibus qui croyait et lui dit que son fils ne courait aucun danger. Et le lendemain, lundi, à neuf heures du matin, Gustave Laudet était fusillé.

Qui l’avait dénoncé ? Qui avait voulu le faire disparaître ? — La justice sommaire de la semaine de Mai garde bien ses secrets ! On ne connaîtra jamais celui-là.

Ce fut un coup terrible pour M. Laudet. Aujourd’hui