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ŒUVRES POSTHUMES là. Et qu'il n'y en aurait plus après lui. Et que ce ne serait pas la peine d'essayer. Que ce serait la consom- mation de la mort, et la mort de la mort, et la dernière danse de la danse macabre, et l'enterrement de l'enter- rement même. Et tout cela naturellement, sans y pen- ser même, comme il faut, sans archéologie romane et sans philologie. Qu'il ferait la plus grande et la plus terrible et la finale et la définitive Danse macabre sans penser même en faire une, sans penser que c'en était une et qu'il en faisait une, uniquement avec sa propre colère et sa propre rage, enfin, comme on dit, avec sa propre expérience. Ni archéologie et philologie antiques, ni archéologie et philologie romanes, voilà le secret de son génie, voilà le secret peut-être de tout génie. (Et ni archéologie et philologie chrétiennes, voilà le secret peut-être de toute sainteté). Parce qu'il n'avait pas voulu faire une Danse Macabre, il l'a faite, et bien faite, et il la tient, et pour éternellement il la tient. De ses plus récentes colères il a fait une œuvre antique, de ses précaires, de ses temporaires, de ses passagères, de ses périssables colères politiques il a fait une œuvre éternelle. Ce n'est point avec des momies exhumées, c'est avec des cadavres déterrés qu'il a fait ce grand enterrement. Voilà le secret de ce grand enterrement. Ni archéologie, ni philologie antiques, voilà le secret des Bannis. Car n'est-ce pas nous ne sommes pas dupes des noms propres qu'il y a là-dedans ni des affectations d'érudition si grossières, si grossiè- rement apparentes qu'elles en sont innocentes, si évi-

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