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ŒUVRES POSTHUMES

Ce fut la grande inauguration de la carrière de Barrés, il nous l’a conté, ce fut sa grande initiation à la contemplation de la grandeur, qu’étant allé un jour à la bibliothèque du Sénat il y vit ensemble, il eut cette fortune, il y trouva Hugo en visite chez Leconte de Lisle. Hugo sénateur, si je me rappelle bien, chez Leconte de Lisle bibliothécaire. Évidemment cela devait se voir. Gela ne se fait pas deux fois. Gela devait donner un grand coup. Moins heureux que Barrés, vous Péguy, et suivant sensiblement Barrés à la même distance, j’entends à la même distance temporelle, dix ou douze ans plus tard, peut-être plus, peut-être un peu moins, vous ne reçûtes que le coup de tomber sur Leconte de Lisle, débouchant inopiné au coin sud-est sous les galeries de l’Odéon. Non non vous nous conterez cela une autre fois. 11 faut bien que vous en laissiez pour vos Confessions.

Vous, Péguy, vous n’avez connu que le vieillard. Vous n’avez point connu le vieux. Vous n’avez connu que cette eau-forte, cette admirable tète blanche, ces admirables cheveux blancs, cette noble tête, admirablement modelée, admirablement majestueuse, et le profond regard, doux et profond comme la mer, calme comme la mer. Et ce monocle de commandement. Vous avez connu la chevelure d’argent, la tête olympienne ; Zeus lui-même ; et la face exactement rasée. Vous avez connu la face de médaille. Mais vous n’avez pas connu le vieux.

Le vieux avait pris soin de mourir, et de se faire

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