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C L I mère, à la vaillance, à la verdeur de la réalité. A la souplesse de la réalité. Le mouvement logique est de croire, de professer que naturellement l'auteur gagne à chaque fois, avance à chaque fois, progresse à chaque fois, parce qu'à chaque fois (d'après) il sait évidem- ment mieux qu'à la fois d'avant. L'idée du mouvement logique, si je puis dire, son orgueil total et son orgueil échelonné, son orgueil d'escalier et son orgueil d'échelle, c'est qu'à chaque fois sachant plus, à chaque fois ainsi il sait mieux. Jamais le mouvement logique ne s'est montré plus indigent, aussi indigent que dans ce cas. C'est la pauvreté du riche, la plus pauvre de toutes les pauvretés. La plus misérable misère. C'est justement parce que ce cas est un cas limite, non seu- lement un cas rare, mais un cas limite, un cas type, un cas unique, un cas comme fait exprès, un cas admira- blement ramassé, admirablement dessiné, un cas pour ainsi dire concentré, que le mouvement logique y répugne d'autant plus, et infiniment, qu'il y a une répugnance elle-même limite, qu'il s'y sent d'autant plus étranger. Il s'y révèle d'autant plus incompétent, d'autant plus gauche, d'autant plus barbare, d'autant plus mal à l'aise, et gêné aux entournures, il y tombe d'autant plus pleinement à faux et à contre-sens que ce cas est un cas plus essentiellement organique, un ramassement, un raccourci de cas organique, un type, un extrait, une limite, une essence de cas organique, et ainsi essentiellement un cas d'histoire et de mémoire. Toujours moi. Vraiment c'est un beau problème. Étant

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