Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

C L I a l'imagination statuaire foulée aux pieds comme un sen- tier que lui-même il aurait rebattu ; non seulement il n'en peut plus, ce qui ne serait rien, et est trop naturel, mais il n'en veut plus. Et il ne veut plus en entendre parler. Et la mort est venue, la dernière femme de ménage. La mort vient. Elle a donc fait le ménage ; pour la dernière fois elle a balayé le plancher, elle a mis en ordre les œuvres. Elle a aussi mis en ordre l'auteur. Elle a rangé les œuvres. Elle a aussi rangé l'auteur et son imagina- tion statuaire piétinée. Pour la dernière fois elle a épousseté, elle a classé les œuvres. Elle a aussi classé l'auteur. Pour la première et pour la dernière fois. Pour cette seule fois. Pour la dernière fois elle a fermé l'ate- lier sur l'œuvre et la porte sur l'atelier. Elle a aussi fermé sur l'auteur la lame, la porte et la pierre du tombeau,

Et tôt serons étendus sous la lame.

Et elle n'en a laissé aucune clef temporelle. Et l'au- teur voudrait bien jouir (en paix) d'une paix qu'il croit avoir gagnée. L'auteur voudrait goûter, l'auteur vou- drait se nourrir du repos de la paix éternelle. Déce- vance: dans cet atelier fermé nous sommes tous per- pétuellement toujours : une mauvaise lecture d'Homère a un retentissement sur et dans l'œuvre, sur et dans l'auteur. Et une mauvaise lecture d'Homère est toujours tout ce qu'il y a de plus possible, tout ce qu'il y a de plus facile, tout ce qu'il y a de le plus dans nos moyens. On le sait de reste et on ne s'en fait pas faute. Une

�� �