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à la lin du siècle, (qui est le commencement de cet autre siècle), car un siècle est un vase qui contient cette plaine liquide, aequor temporale ; et il a bien deux bords ; et il s'agit bien de s'étendre de l'un à l'autre bord. Et il y a même des lames de fond, et là- dedans comme des vagues et des marées temporelles.

Le coup de génie, pour Hugo, dit-elle, le surcroit de coup de force et de coup de génie, le supplément et le suraccroissement ce fut d'ajouter à sa propre base, ce fut d'ajouter par le pied à sa période, à sa lon- gueur de temps la période de temps la période même de Napoléon premier. Mais ici nous entrerions, (dit-elle;, dans sa deuxième incroyable fortune, qui est cette espèce de mainmise unique, qu'il avait opérée sur l'em- pereur. Jamais poète n'eut son héros ainsi rendu à pied d'œuvre, jamais poète n'eut son héros rendu à ce point d'exactitude, aussi exactement juste à la distance tem- porelle qu'il faut pour l'art et pour l'œuvre.

Il regorgea de fortunes temporelles. La plus grande sans aucun doute fut celle qui lui livra le plus grand. La plus grande sans aucun doute fut celle qui lui livra Napoléon, ht décret nominatif qui créa Napoléon pour le monde ne faisait qu'envelopper le décret nominatif qui créa Napoléon pour Hugo. Jamais aucune matière ne fut à ce point rendue à un artiste. Jamais aucun héros ne fut à ce point rendu à un poète ; attribué, affecté à un poète. Et sans doute réciproquement.

Mais il faudrait un livre, (dit-elle), pour indiquer seulement cette sorte de juste, d'ajusté, d'adapté, d'her-

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