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C L I

C'est L'homme de quarante ans qui est vieux. Le vieillard, lui, est historien.

Les vieillards font semblant d'être vieux. Alors on croit qu'ils sont compétents dans le vieillissement. Mais c'est l'homme de quarante ans qui est compétent dans le vieillissement.

Les vieillards prennent (frauduleusement) l'aspect d'être vieux. Pure coquetterie. Ils veulent faire croire qu'ils sont compétents dans la mémoire. Mais c'est l'homme de quarante ans qui est compétent dans la mémoire.

C'est pour ça, dit-elle, que rien n'est faux comme cette idée qu'on a (on l'a donc toujours), de demander aux vieillards des renseignements, des connaissances de quelque sorte, des références sur leur jeune temps, sur les événements de leur jeune temps. Ils se mettent tout de suite à vous raconter de l'histoire de France.

Nulle méthode n'est aussi fausse. C'est une bien mauvaise idée. Remarquez ce qui se passe quand vous demandez à un vieillard des renseignements sur son jeune temps.

Vous avez besoin de renseignements sur un temps passé, sur un âge historique. (Vous avez tort). Vous faites de l'histoire vous-même. Vous comptez, vous savez compter, vous remarquez ingénieusement, (ingé- nument), (il suffit de faire une soustraction), que cet âge, que ce temps (historique) n'est pas encore trop éloigné, (c'est la guerre, c'est la Commune ; c'est le boulangisme ; c'est l'affaire Dreyfus ; ou c'est l'une ou

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