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(JE IVRES POSTHUMES mourais, dit Agamemnon à Ménélas, IV, 170; (quand Ménélas a reçu traîtreusement une flèche, en pleine trêve sacrée (jurée pour le combat singulier de Ménélas et de Paris) de la main de cet imbécile de Pandare, (imbécile, àcppwv, dit Homère). Heureusement la flèche L'a miraculeusement frappé à la croisée de son baudrier, de sa ceinture et de son bandeau. Ou enfin elle a été amortie par son baudrier, (toujours Malbrou), et en dessous par sa ceinture et son bandeau , Si tu meurs, dit Agamemnon à Ménélas, et que tu emplisses le des- tin de ta vie. Mourir, dans Homère, dans les tragiques, c'est accomplir le destin de sa vie. C'est en un certain sens et en somme se parfaire. C'est toujours tout de même un emplissement, un accomplissement, et le résultat en est tout de même une sorte de plénitude. C'est notamment de cet emplissement. de cet accom- plissement, de cette plénitude que les dieux manquent.

Les dieux manquent de ce couronnement qu'est enfin la mort. Et de cette consécration. Ils manquent de celte consécration qu'est la misère. (Notamment la misère de l'hôte, la misère du suppliant, la misère de l'errant et de l'aveugle, la misère d'Homère, la misère d'OEdipe,. Ils manquent de cette consécration qu'est le risque.

Car ils ne risquent même rien de tout cela. Ils sont assurés de ne pas risquer la mort, de ne pas risquer la misère, de ne pas risquer le risque même.

Ils n'ont même pas cette chance, de pouvoir risquer, de pouvoir espérer risquer la mort, risquer la misère,

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