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CE U V R E S POSTHUMES

sèment pour les hommes, heureusement pour le monde antique. Heureusement pour les dieux mêmes, dont tout le sang ainsi n'est point contaminé. Leur demi- sang de dieux ne leur confère par exemple aucune immortalité ni en somme aucune divinité. C'est pour cela qu'ils sont si grands. Ils partagent le sort de l'homme, la mort de l'homme. C'est ce qui les fait grands. Tout ce qu'ils ont, c'est qu'ils ont un père, (une mère), et par suite un patron plus haut placé. Et encore ces pères, ces patrons, (notamment Zeus), (un peu moins ces mères), sont souvent bien inattentifs. Eux-mêmes les héros ils ne sont nullement contaminés de leur demi-fortune, ils n'ont reçu aucune contami- nation de leur demi-sang. C'est pour cela que de tout ce que nous avons ils sont demeurés les plus parfaits exemplaires de l'héroïsme antique.

Vous m'entendez très bien, dit-elle. Jésus est du der- nier des pécheurs et le dernier des pécheurs est de Jésus. C'est le même monde. Eux, leurs dieux ne sont pas d'eux, et ils ne sont pas de leurs dieux.

Croyez-moi, lisez Homère comme je vous l'ai dit. Vous serez surpris. Vous y verrez, à votre grand éton- nement, que pour les Grecs eux-mêmes, et déjà, très certainement peut-être sans qu'ils s'en soient aperçus, sans qu'ils s'en soient même doutés, l'Olympe était déjà une mythologie.

Vous m'entendez très bien, dit-elle. Jésus n'est jamais un être de mythologie. Pour les chrétiens il est le Fils de Dieu fait homme. Pour les infidèles il est,

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