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Continuant de feuilleter ses fiches elle retomba natu- rellement sur cette cérémonie du Sacre. Quand on a une fois ouvert un livre à une certaine page, c'est tou- jours à cette page que le livre se rouvrira. — Ce qu'il y a de plus fort dans ce Sacre, dit-elle, c'est que ce Sacre de Victor Hugo est bien le seul sacre que ce deuxième ou ce troisième Napoléon ait jamais reçu sur le plat de la tête. En fait, dit-elle, autant qu'il me sou- vienne, l'empereur deuxième, ou l'empereur troisième, (puisque c'est le second Empire qui fait le troisième Napoléon), n'a jamais voulu, ou osé, ou risqué se faire sacrer. Il n'a tenté ou voulu tenter ni le vieux sacre des rois de France, à Reims, ni le jeune sacre des Napo- léons, à Paris. En somme il n'était pas comme Napoléon Premier : il n'était pas légitimiste. Il était entouré, son vieil et son véritable entourage, son original entourage était de vieux conspirateurs profondément anticléri- caux, anticatholiques, antichrétiens. Lui-même il était profondément anticlérical, anticatholique, antichrétien. C'était un vieux conspirateur, au fond, un vieux libre penseur, un vieux carbonaro. En ce sens-là c'était un vieux libéral, au sens que l'on donnait à ce mot dans ce temps-là, enfin ce que Ton pourrait nommer un vieux libéral italien. En somme c'était un combiste. Il fau- drait, dit-elle, ne pas voir clair, et être encore plus bête que l'on ne m'a faite, pour ne pas voir à quel point le radicalisme français a toujours été un césarisme. En définitive ce n'est que dans Hugo que « Mastaï » a sacré Napoléon III.

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