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ŒUVRES POSTHUMES

je vois que l'on ne fait jamais état quand on parle de Beaumarchais. La Mère Coupable, non plus comédie en quatre actes comme le Barbier, non plus comédie en cinq actes comme le Mariage, mais l'autre Tartufe, ou la Mère coupable, drame en cinq actes, par Beaumar- chais. Il y a quelque chose de changé. Il s'est passé quelque chose. Il s'est passé que le Barbier était de 1775 et le Mariage de 1784 ou enfin ne fut joué qu'en 1784 et que la Mère coupable fut représentée pour la première fois en 1792. Entre 1784 et 1792 il s'était en effet passé quelque chose, dit l'histoire. On en parle. On m'avait beaucoup dérangé, dans cet intervalle, parce que ce peuple avait été repris de cette manie qu'il a de faille des inscriptions 1784-1792. Ce furent huit ans fort occupés. Et Beaumarchais allait mourir en 1799, fort désarçonné, si je puis dire.

Je vois qu'on ne parle jamais de cette Mère coupable, dit l'histoire. C'est pourtant une pièce fort curieuse, d'une très bonne et très ferme écriture, sotte à souhait (mais n'est-il pas de jeu et n'est-il pas de règle que tout homme d'esprit professionnel finisse ainsi), et surtout admirablement mise au goût du temps. Les autres aussi, les deux premières avaient été dans leur jeune temps mises au goût du temps; ou enfin elles s'étaient trou- vées naturellement au goût du temps ; mais le goût du temps était moins marqué en 1775 et en 1784 qu'en 1792. Et déjà il n'était plus le même. Et il s'en fallait de beau- coup. En 1792 il ne s'agissait plus de fronder, de frauder l'ancien régime. La fronde était finie, ou enfin elle était

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